ESTIVAL DE CANNES _ LE FESTIVAL SANS LA FAME
Cannes, juin 2018.
Ponettes sur Croisette. J’ai vu Louis V cotoyer boules à facettes, richesse croiser richesse, se toiser, se mesurer. T’es pas vraiment belle si t’es sur moins de 12 cm. T’es pas vraiment beau si au poignet tu n’as pas la roro.
Disneyland bling bling, monde à part.
J’ai vu les riches regarder de leurs bâteaux les moins riches qui eux les regardent de la plage. Comme si d’un côté certains voulaient voir ce qu’ils rêveraient d’être pendant que les autres se rappellent ce qu’ils étaient (et ne veulent surtout pas redevenir).
J’ai vu la foule devant le Palais des Festivals.
J’ai vu l’église quasiment vide alors qu’elle est juste à côté, juste al.
J’ai vu une ville et des gens vibrer sur du futile, cramer au soleil dans l’espoir de voir 20 secondes la star du dernier film.
J’ai vu les joueurs d’échecs concentrés au milieu de la foule de la Croisette.
J’ai vu ma mère sourire. Les étoiles dans ses yeux, contente d’avoir enfin sa petite part au milieu de cette grande fête.
Pendant que ce microcosme fait du lèche-vitrine, faut pas oublier que la majorité toute leur vie trime.
J’ai lu Cioran sur une plage privée mais perso j’ai compris l’avantage d’être né. Comme lui je pense qu’on doit écrire ce qu’on aurait confié à personne. Ce que tu lis, ne le répète à personne.
Et surtout, pense à t’occuper de ta daronne.
J’ai des frères et des soeurs qui n’ont plus les leurs. Chaque jour je mesure ma chance de profiter encore de la mienne pendant des heures et des heures.
Quoi qu’il en soit, du même monde ou pas, on reste à l’aise.