Encore une nuit à penser. J’crois que pour de bon c’est fini les nuits à s’défoncer. Jamais loin des vapeurs de THC, mais la vérité c’est que ça fait de plus en plus partie de mon passé. Le passé. J’me rappelle petit quand j’rêvais de percer. Posters de Ronaldo, Zidane, David Trezeguet. Les premiers temps à crapuler. Premiers billets, premiers grammes, la bicrave pour déconnecter de cette merde d’Education Nationale. Les premiers trains pour monter à Clicli choper la dernière paire. Entouré d’requins, premières embrouilles et premières galères. Premier amour et premier chagrin. Tempérament chat noir, malgré les apparences ça fait pas longtemps que j’suis sorti de ce putain d’couloir. Si aujourd’hui on en est là, c’est qu’on a travaillé. Comme dit Booba, si j’deviens pas c’que j’aurais dû être, qu’ils aillent s’faire baiser. Révolté depuis le berceau, profs ou keufs, nique l’autorité comme seul credo. Un jour où l’autre je sais que j’vais serrer. Si j’arrive pas à c’que j’veux ou si la situation continue d’empirer. J’en peux plus d’ce système de merde qui nous rend esclave. Et dire que t’as encore des gens qui le trouvent fiable. J’suis trop sensible pour que ça ne me rende pas irritable. L’envie de péter un câble. De trouver une vraie femme, capable d’entendre les choses qu’elle n’a pas envie de mettre sur la table. Encore une nuit à penser et mille et une autre à tout dépenser, à danser avec les blessures que j’m’acharne à panser. Repenser. Mais la vie c’est comme ça. On sait tous quand ça commence mais jamais comment ça s’arrêtera. J’veux partir dans un éclat. Une putain d’romance, faire partie d’ces gars dont on s’rappellera.
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2016, bâtiment 3, square Etex, Créteil.