Je me souviens les jours d’avant. Avant le confinement. Quand le soleil se couchait encore sur le Vieux Port devant les badauds qui, encore libres, en profitaient sans vraiment y faire attention. Je me souviens le MUCEM, y errer l’air de rien juste avant la fermeture pour aller chercher la lumière, l’angle, la bonne mesure. Ces moments de rien. Ces moments de tout. J’ai l’impression d’être Bill Murray dans Un jour sans fin. Je me souviens les jours d’avant, les cris dans les rues de Marseille, pour Noailles, pour ceux qui sont dehors. Ils le sont toujours, dehors. Je me souviens les cris, les odeurs, les graffs, les gaz lacrymogènes, les heurts. Zineb. Je me souviens les jours d’avant, c’était l’automne. Depuis, le printemps est déjà là sans que l’on ai vu passer l’hiver. Un virus venu de loin nous fait perdre des proches, les pédales et apparemment même l’odorat et le goût. Il n’arrivera pas à me faire perdre la mémoire, ce connard.

Marseille, automne 2019.